Retour sur ces essais de la seule tout-électrique de BMW et perspective d’un conducteur de 225xe…

[English summary] I was fortunate to test-drive the BMW i3 three times in different driving conditions, always the 94 Ah model. I remain impressed with this innovative vehicle that can now load its battery up to 80% in just 40 minutes on the high-power continuous current stations that are beginning to appear, at least on French highways. The drive is pleasant, dynamic, comfortable and one can easily get to 200 km of pure electric autonomy without being overly cautious with the driving style. With the Range Extender (REx) that was fitted on the last i3 I tried, the 9 L of petrol that drive a 647 cc twin-cylinder engine dedicated to charging the battery will provide an additional 100 to 150 km. The i3 is definitely a nice way to go electric. And if you fancy additional power, the « sport » version is now out, providing an extra 10 kW.

 

J’ai essayé l’i3 trois fois; la première fois en décembre 2016, puis en mai 2017 à l’occasion du Sail Racing Academy et enfin ces derniers jours lors du passage à l’atelier de ma 225xe. Ces essais m’ont permis de parcourir quelques centaines de kilomètres en ville, sur routes et autoroutes; il était temps que je partage mes impressions! Le dernier essai m’en donne l’occasion. Je ne vais pas reprendre le détail des spécifications de l’i3; vous trouverez tout cela sur les sites officiels; rappelons seulement que l’i3 reste le seul modèle tout électrique de BMW, qui propose à présent une version s (sport), plus puissante encre d’une dizaine de kW. Dans cet article, je vous propose plutôt de nous intéresser à ce qui marque et à ce que l’on retient en tant que conducteur de 225xe.

Les modèles essayés

Dans les trois cas, il s’agissait de l’i3 de 94 Ah, dont la capacité de la batterie est de 33.2 kWh (27.2 kWh net, soit 82%): c’est six fois plus que la 225xe. Or l’i3 revendique une autonomie de 300 km (sur cycle NEDC, à comparer aux 41 km de la 225xe): c’est 7.3 fois plus; l’i3 consomme donc moins que la 225xe en mode électrique.

L’aspect extérieur a changé d’un essai à l’autre, puisque j’ai eu droit à la Protonic Blue, puis à la Capparis White, et enfin à la Solar Orange. Ce n’est pas un détail: ces coloris aux couleurs vives en deux tons affirment le caractère frais et innovant du véhicule en lui conférant un coté ludique. A côté de cela, la 225xe peut paraître austère, surtout en anthracite!

Il n’y a bien évidemment pas que la couleur qui donne cette impression. L’aspect avant-gardiste ne passe pas inaperçu, même si ces formes osées ont su se faire accepter en quelques années seulement. On aime, ou on n’aime pas. Moi, j’aime!

REx

La dernière i3 essayée était dotée du REx (Range Extender, le prolongateur d’autonomie): il s’agit d’un groupe électrogène embarqué mu par un petit moteur thermique (un bi-cylindre de 647 cm3 tout de même) pour charger la batterie haute tension. Les 9 L du réservoir peuvent augmenter l’autonomie électrique de 150 km environ. Cela signifie que les 27.2 kWh effectifs de la batterie haute tension permettent de parcourir autant que 18 L d’essence utilisés pour alimenter le REx. C’est une sorte d’hybride rechargeable dont on a inversé les proportions: ici, priorité à l’électrique et on peut mettre un peu d’essence aussi.

On a pris l’habitude d’effectuer ces petits calculs sur ce Blog: 18 L d’essence, c’est environ 180 kWh d’énergie thermique et le « rendement » du REx est donc de 15%: bizarre, on dirait que c’est moins bon que le mode SAVE de la 225xe… Mais ce n’est pas si étonnant que ça si on considère que le mode SAVE fonctionne en plus de la propulsion thermique: il serait donc plus efficace de surcharger un (gros) moteur thermique servant déjà à la mobilité pour produire en plus de l’électricité, que de faire tourner un (petit) moteur thermique pour produire uniquement de l’électricité. A méditer.

Prise en main

L’aspect extérieur n’est pas qu’une devanture: on retrouve à l’intérieur cette sensation futuriste, avec des lignes épurées, et des solutions inhabituelles… ou très anciennes mais remises au goût du jour. Les portes sont particulières: le véhicule offre quatre places, mais il n’y a pas de poteau central entre les places avant et arrière, et les petites portes arrières s’ouvrent dans le sens inverse du sens habituel, en pivotant vers l’arrière. A l’intérieur, l’affichage du tableau de bord est entièrement digital, et la commande de vitesses au volant rappellera de très vieux souvenirs à certains. La première fois, on a vraiment l’impression de rentrer dans un concept car. Mais la seconde fois, c’est déjà demain: on s’est habitué. La troisième fois, on ne s’étonne même plus; en fait, on trouve la 225xe un peu vieillotte en la reprenant après un tour en  i3.

Au niveau ergonomique, je trouve que les commandes « parking » et « start/stop » sont mal placées, sur la console de vitesses , mais derrière le volant. Le coffre est petit, mais les places arrières sont correctes vu la taille de la voiture: 3.99 m de long, c’est 35 cm de moins que la 225xe, alors que la hauteur et la largeur sont quasiment identiques. 35 petits cm qui font pourtant une grosse différence: on a la sensation de disposer de bien plus d’espace dans la 225xe.

Conduite

On a beau avoir l’habitude de la conduite électrique avec la 225xe, ça n’est pas tout à fait la même chose en i3. Ce qui contraste le plus, c’est l’intensité de la récupération lorsque l’on relâche l’accélérateur: c’est un vrai frein, à tel point que l’on peut souvent se passer d’utiliser la pédale de frein, même sans engager les freins à disques. Ensuite, on remarque les consommations nettement plus basse que sur la 225xe: de l’ordre de 10 à 30% de moins suivant les conditions dans lesquelles j’ai roulé. La masse réduite y est pour beaucoup: l’i3 est plus légère de plus de 300 kg (-18%). Enfin, on retrouve cette impression d’autonomie infinie: sur les parcours urbains et péri-urbains, la capacité de la batterie permet de ne plus s’inquiéter de savoir si on pourra boucler le trajet ou non. L’inconvénient, c’est comme tout ce qui semble illimité: on ne compte plus, on fait moins attention à sa conduite, on gaspille un peu plus… De ce point de vue, on peut affirmer que l’autonomie électrique réduite de la 225xe encourage la sobriété.

La conduite est souple, dynamique, agréable. Les accélérations sont franches et bien marquées. On n’atteint peut-être pas les performances du mode Sport de la 225xe, mais on reste toujours en électrique. On pourra parfois regretter les quatre roues motrices de la 225xe, pour la tenue de route et dans des situations exceptionnelles. Acceptons tout simplement que les deux véhicules ne sont pas optimisés pour la même utilisation.

Charge

Le dernier modèle était muni de d’une prise de charge rapide. Il s’agit là de la véritable « charge rapide », c’est à dire en courant continu, jusqu’à 50 kW, ce qui permet de recharger la batterie jusqu’à 80% de sa charge en 40 minutes. Pas mal, mais pas à la maison. Par contre, j »étais heureux d’essayer ma WallBox Plus en triphasé, l’i3 acceptant alors jusqu’à 11 kW de puissance pour une recharge (toujours à 80%) en 2h45. Déception! Curieusement, le modèle prêté ne permet que la charge en monophasé, limité à 7 kW et demandant 3h45. La WallBox a délivré les 7 kW appelés par l’i3, mais j’aurais vraiment voulu la voir opérer en triphasé…

Si vous ne l’avez pas noté dans d’autres articles et commentaires, je rappelle que le courant de charge est maximal jusqu’à 80%, puis qu’il est réduit pour bien équilibrer les cellules de la batterie de 80% à 100% de charge. Ces derniers 20% demandant bien plus de temps, ils sont souvent exclus des statistiques de temps de charge communiquées par les constructeurs.

Conclusions

Tout concorde pour conclure que BMW a réussi un joli coup avec l’i3. Bien plus qu’une citadine sans être une grande routière, c’est une voiture que j’aime et que j’utiliserais avec plaisir si mes besoins de longs parcours n’étaient pas déjà si bien couverts par une hybride rechargeable aussi polyvalente que la 225xe. Mais dans quelques années, avec une autonomie augmentée ou une charge encore accélérée, pourquoi pas? En attendant, si vous n’avez pas encore roulé en i3, je vous conseille de le faire: vous risquez bien d’être conquis.

Sinon, je vous proposerais bien de publier « Huit essais en i8 », mais j’attends toujours le premier… Amis de BMW, si vous lisez ces lignes…

Bonne route!

JL