Vous aimeriez être certain de l’autonomie totale de votre 225xe? Nous avons déjà largement discuté de l’autonomie électrique; il va maintenant falloir nous intéresser à son autonomie thermique, qui dépend curieusement d’une incertitude inhabituelle: la capacité du réservoir. Voyons les chiffres et jusqu’où nous mène la règle de trois…
Les chiffres du constructeur
Le constructeur annonce que le réservoir contient 36 litres de carburant. Ce volume officiel est confirmé et il ne faut pas tenir compte de l’erreur qui s’est glissée dans un article de la Toile indiquant que la capacité ne serait que de 31 L. Ça n’a jamais été le cas. Seulement voilà: il m’est arrivé d’ajouter 36 litres d’essence alors que la jauge n’indiquait pas 0 (de mémoire, plus de 5%, mais je n’y avais pas vraiment prêté attention à ce moment). Est-ce que le réservoir contient davantage que la capacité annoncée? S’agissait-il d’une erreur de lecture, d’un biais de la jauge, d’une marge destinée à protéger le conducteur?
Je voulais en avoir le cœur net. 2 litres d’erreur sur un réservoir de 50 litres passent plus facilement inaperçus, dans la mesure où l’autonomie est importante et que l’espacement entre les pleins, sur un seul trajet ou sur une série de petits parcours, ne vous pousse pas à utiliser les derniers litres du réservoir. Mais à consommation comparable (6-7 L/100 km sur autoroute pour la 225xe), plus le réservoir est petit, plus on s’approchera de sa limite avant le plein pour éviter de s’arrêter trop souvent. J’avais acquis la certitude de pouvoir embarquer au moins 36 L; je voulais maintenant savoir si je pouvais compter sur davantage encore. Une autre façon de poser la question est: « peut-on se fier à la jauge, notamment quand elle indique des faibles volumes? »
Ce que disent les pleins
Quand on fait le plein, on a la possibilité de calculer la contenance du réservoir. Il suffit de se baser sur l’indication de la jauge avant le plein et au volume indiqué par la pompe après pour obtenir une estimation du volume total du réservoir. On peut faire ce calcul quel que soit le volume ajouté au réservoir, mais le résultat sera d’autant plus précis que l’on fait un plein complet d’une part (pas d’ambiguïté sur les 100%), et que le volume ajouté est important d’autre part (ça minimise l’erreur inévitable de lecture de la jauge avant le plein). Ainsi, si l’on suppose qu’avant ce fameux plein de 36 L il restait 5% d’essence dans le réservoir, on obtient 37.9 L.
Etonné de ce résultat, j’ai décidé de mesurer mes pleins plus précisément. J’ai pris une photo de la jauge avant le plein, ce qui m’a permis d’estimer son niveau plus précisément. J’ai aussi fait le plein de la même façon à chaque fois: je laisse l’essence couler à son débit maximum jusqu’au premier déclenchement automatique du pistolet; j’attends alors que le niveau se stabilise et que les gaz s’échappent avant de faire un complément à bas débit jusqu’au prochain arrêt automatique. Cette façon de faire me permet d’obtenir un plein dont le niveau doit être le même à chaque fois.
J’ai ainsi obtenu 37.8, 37.7, 37.9, 38.7, 37.1, 38.7 et 38.5 litres pour les volumes calculés. Le volume affiché par la pompe variait de 26.7 L à 36 L. Il n’y a pas de corrélation entre le volume ajouté et la capacité calculée.
Interprétations
Il y a plusieurs façons d’interpréter ces résultats qui dépendent de nos hypothèses.
Si on commence par supposer que le volume affiché par la pompe est exact (c’est raisonnable), on peut dire que le réservoir et la tuyauterie contiennent plus que 36 litres (le fameux plein). Si on suppose ensuite que l’on peut se fier à la jauge, on peut même dire que le système contient près de 38 L. Tout est cohérent… sauf le résultat de 37.1 L et, accessoirement, la valeur de 36 L du constructeur.
On peut compléter le calcul en utilisant la consommation moyenne affichée par l’ordinateur de bord et la comparer à celle que l’on obtient soi-même par le calcul. Ce calcul est d’autant plus sensible au volume estimé du réservoir que la distance parcourue est courte. Il y a cependant un optimum à trouver car sur des trajets courts, le calcul devient encore plus sensible aux erreurs de lecture de la jauge. Entre les deux, j’ai trouvé qu’un volume de 38 L me donnait le meilleur résultat, c’est à dire que cette capacité me permettait d’approcher au mieux la consommation moyenne calculée par l’ordinateur de bord. Le résultat n’est cependant pas aussi précis et stable que celui que j’ai obtenu par la même méthode pour estimer la capacité utile de la batterie (je calcule alors 5.8 kWh contre 5.7 kWh annoncés, ce qui est tout à fait cohérent pour cette méthode).
On peut ensuite s’amuser à mettre les hypothèses en défaut. La précision de la jauge, cependant, devrait rester plus ou moins constante tant que les conditions d’utilisation (température extérieure, niveau du réservoir, assiette du véhicule…) le sont aussi. Quant d’une erreur de volume livré, je n’y crois pas a priori car les compteurs des stations service sont strictement contrôlés. La conclusion qui s’impose, c’est que les hypothèses de calcul sont plutôt robustes et que le volume disponible est toujours supérieur à 36 L après un plein. Si vous remplissez votre réservoir de la même façon que je l’ai fait pour les tests, vous aurez sans doute jusqu’à 38 L; je ne vous le recommande cependant pas, puisque les constructeurs précisent en général qu’il faut s’arrêter au premier déclenchement du pistolet. Mais surtout, vous pouvez vous fier aux indications de la jauge, qui semble tout à fait fiable et précise.
Autonomie constatée
Nous voici donc assurés de la capacité de la batterie (5.7 kWh) et du réservoir (apparemment 38 L si vous faites un plein très complet). Avec les consommations moyennes on peut donc estimer l’autonomie suivant les conditions de conduite. Ainsi, sur un long trajet autoroutier à raison de 6 à 7 L/100 km de moyenne, vous pourriez parcourir entre 540 km et 630 km avant de vider votre réservoir. Vous pouvez ajouter entre 25 et 35 km d’autonomie électrique. Au total, ça donne 500 à 600 km d’autonomie sans risquer la panne. L’important, c’est que l’on peut faire confiance à nos indicateurs de niveau et aux calculs de consommation moyenne de l’ordinateur de bord.
Conclusion
La jauge me paraît fiable et on peut apparemment compter sur 38 L d’essence. Mais attention aux apparences… Je vous révèlerai le résultat d’un test exclusif dans le prochain article… En attendant, je n’ai aucun doute sur le minimum de 36 L.
Bonjour,
Premier plein complet avec 225xe toute neuve. Trajet 95% autoroutier à 120 km/h. Batterie plein charge au démarrage. Mode confort et Auto-eDrive.
Bilan: affichage « reste 19 km d’autonomie » après 541 km. Plein de 36,5 L, soit 6,55 L / 100 Km. Je m’attendais à plus. Premier bilan positif donc. Et quel plaisir de conduite !
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Félicitations pour votre achat !
Super! Ca va descendre tout doucement une fois le moteur thermique bien rodé.. Je suis y arrivé une fois à 5.9 et 6.5 en trajet autoroute (Bxl vers France). C’est pas mal pour une voiture de ce gabarit malgré 300kg de batterie en plus !!
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Bonsoir, et bienvenue au club!
Merci pour ces données de consommation intéressantes. Il faut être confiant pour rouler avec cette voiture toute neuve jusqu’à ce que l’autonomie ne soit plus que de 19 km! Ou alors, il faut faire des ronds autour de la station service, avoir un bidon d’essence ou une prise électrique à disposition…
6.55 L/100 km est tout à fait cohérent avec les autres valeurs rapportées. J’ai cependant remarqué que l’augmentation de la consommation est particulièrement prononcée à partir de 110-115 km/h. Du coup, il y a 120 km/h et 120 km/h… j’y reviendrai dans un prochain article. En attendant, on ne se trompe pas trop en disant entre 6 et 7 L/100 km sur autoroute, même s’il est toujours possible de consommer plus, et parfois moins. C’était pour moi aussi un bonne surprise, même si j’aimerais que la consommation soit 50% plus basse.
Je partage vos impressions sur le plaisir de conduite. Je roule en ce moment en 420d – belle voiture, mais j’attends qu’on me rende ma 225xe avec impatience!
A bientôt,
JL
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Bonjour ! Si j’en juge par vos tests, vous êtes arrivé plusieurs fois au delà des limites de la « réserve », volume restant, en général de 5 litres, à partir duquel les voitures déclenchent divers avertissements ou alarmes.
Ce qui amène la question suivante : il n’y a pas de passage forcé en mode électrique tant qu’il reste une goutte d’essence dans le réservoir ? Si c’est bien le cas, vous pourriez, en gardant la batterie pleine, aller jusqu’à la panne sèche et rejoindre la station la plus proche en mode EV, ce qui vous permettrait de mesurer plus précisément le volume du réservoir ?
Je pose cette question car l’Outlander se comporte différemment : quand la réserve, après une première alerte, a atteint un niveau plus critique (a priori quand il reste 5 litres), le système passe en mode EV sans qu’on puisse l’en empêcher, et consomme toute l’autonomie de la batterie. Ensuite il repasse en essence. Ce principe de fonctionnement m’agace au plus haut point mais c’est ainsi … Et cela m’interdit de mesurer la capacité du réservoir, à moins d’être très joueur (une fois qu’il n’y a plus d’essence il y a un nouveau passage en EV, qui fait passer le SOC de 30 % à 14 % : c’est un mode « de détresse » qui peut être utile pour rejoindre une station très proche puisque le SOC de 30% est en temps ordinaire le niveau « zéro » de la batterie vu du conducteur).
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Bonsoir,
Intéressant le comportement de l’Outlander et l’accès au mode « détresse ». Ce n’est pas le cas de la 225xe dont seuls 5.8 kWh des 7.7.kWh de capacité sont accessibles, protégeant ainsi la durée de vie de la batterie. J’ai émis la suggestion d’un tel mode dans la rubrique « Cher BMW ».
Pour le reste, je maintiens le suspense: il faudra attendre le prochain article!
A très bientôt donc!
JL
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Quand vous dites que la BMW ne se comporte pas comme l’Outlander je ne suis pas d’accord puisque 5.8 / 7.7 donnent une réserve de 25 % qui permet de préserver la batterie, alors que la réserve équivalente de l’Outlander est de 30 % (bien qu’elle puisse descendre à 25 % dans des cas spécifiques, en particulier si la puissance demandée est très faible (embouteillages …). De ce point de vue on pourrait dire que Mitsubishi est encore plus prudent que BMW … si ce n’était que les technologies de Li-Ion sont tellement diverses qu’il faut être un grand expert du domaine pour déterminer quelle est la bonne réserve pour une technologie donnée.
En réalité je crois bien que même un grand expert ne sait pas trop quelle est le compromis optimal pour la réserve (rappelons que si la réserve augmente la durée de vie, elle a un coût !), tant cette technologie est récente. J’observe juste que ces « réserves » tendent à diminuer sur les modèles les plus récents, ce qui montre une confiance grandissante des fabricants envers la longévité de ce qu’ils produisent. La Chevrolet Bolt semble avoir une réserve ridicule d’après certains testeurs (5 % ?), mais attendons les tests des modèles de série avant d’affirmer quoi que ce soit.
Pour en revenir à l’Outlander, le mode « détresse » que j’évoquais -et que j’ai baptisé moi-même de ce nom- n’est utilisé que rarement voire jamais par définition, à moins d’aimer tomber en panne sèche. Et descendre quelques fois à 14% est quelque chose de tout à fait inoffensif dans la vie d’une batterie Li-Ion. Donc pas d’inquiétude à ce sujet.
Enfin, je connais ce mode « détresse » parce que je me suis un peu penché sur le fonctionnement technique de la voiture, mais il n’est pas vraiment évoqué dans le manuel (ou alors de manière très floue, aucun chiffre de SoC réel comme 30 %, 25 % ou 14 % n’étant bien sûr évoqué. Je parierais qu’en creusant un peu, vous pourriez découvrir qu’un mode « détresse » existe aussi sur votre jolie voiture ! 😉
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Bonjour Grigou,
Effectivement, pour ceux qui ne connaissent pas encore les différentes stratégies de gestion des différentes technologies Li-ion, mieux vaut clarifier mon commentaire sur la comparaison Outlander – 225xe. Lorsque je dis que les deux véhicules ne se comportent pas de la même façon, je fais référence au fait que contrairement à ce que vous expliquez pour l’Outlander, à ma connaissance, la 225xe ne permet jamais de puiser dans les 25% de capacité qui restent invisibles pour l’utilisateur (la batterie a une capacité totale de 7.7 kWh, mais seuls 5.8 kWh sont utilisés). Mais il y a peut-être des ressources et options bien cachées…
Comme je le précisais ailleurs en réponse à d’autres commentaires, je prépare un (premier) article sur la batterie de la 225xe et ce que l’état de l’art et de la science dans le domaine recommandent aux utilisateurs.
A bientôt,
JL
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Bonjour!
Je viens de publier « Panne sèche » qui répondra de façon détaillée à votre commentaire. Bonne lecture!
JL
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