Lors d’un récent déplacement, je me suis livré à une expérience intéressante qui m’a permis d’évaluer le coût énergétique du mode SAVE. Ce ne sera pas long…

[English Summary] – A simple experiment shows that the SAVE mode can be relatively efficient when used under appropriate conditions. With a warm engine, running at stabilised rpm, some 20 to 25% of the energy content of the fuel is converted to electricity. This is well within the orders of magnitude of industrial electricity production and distribution efficiency, which suggests that the SAVE mode is not a bad solution. Energy-wise at least. Cost-wise, it’s a different story!

Dispositif expérimental

Voici le contexte de l’expérience: à vitesse stabilisée, moteur chaud, sur route plate et droite, j’ai évalué la sur-consommation d’essence associée au mode SAVE. Rien de plus simple: il suffit d’observer la consommation d’essence instantanée en mode Auto eDrive et en mode SAVE dans les mêmes conditions de conduite, et de noter la progression de la charge de la batterie haute tension.

Les consommations se sont montrées plutôt stables à quelques dixièmes de litres par 100 km près. A 130 km/h, j’ai obtenu environ 4 L/100 km de surconsommation pour le mode SAVE. Fait intéressant, j’ai obtenu une valeur quasi-identique à 90 km/h. Dans ces conditions, avec une batterie chargée à environ 30%, puis à environ 55%, j’ai noté que je gagnais 8% (8 points) de charge aux 5 km; cet ordre de grandeur est le même aux deux vitesses, aux deux états de charge initiaux. Qu’est-ce que ça signifie?

Interprétation énergétique

4 L/100 km, c’est donc 0.2 L/5 km, qui font gagner 8% de charge de batterie, dont la charge utile est de 5.7 kWh. Donc 0.2 L d’essence consommée permet d’obtenir 0.456 kWh de charge. Si l’on se base sur un pouvoir calorifique d’une dizaine de kWh par litre d’essence, on utilise donc grosso modo 2 kWh d’énergie sous forme de combustible pour produire 0.5 kWh électrique, soit un rendement de 25%. En réalité, le rendement est un peu plus faible encore, puisque le pouvoir calorifique de l’essence est supérieur à 10 kWh/L et que la quantité d’énergie électrique produite est inférieur à 0.5 kWh. Disons que le rendement tombe à 20%; ça reste honorable, même comparé au réseau de production et de distribution nucléaire français.

Bilan économique

Voilà pour le bilan énergétique. Mais qu’en est-il du coût? A 1.50 €/L, 0.2 L d’essence représente 0.30 €. Les tarifs de l’électricité variant suivant les contrats, prenons en ordre de grandeur 0.15 €/kWh. Admettons qu’il faille consommer environ 0.6 kWh au compteur pour obtenir 0.456 kWh dans la batterie; cela représenterait un coût de 0.09 €, soit 30% du prix dépensé à la pompe. C’est encore pire au tarif bleu et heures creuses de l’option Tempo d’EDF: on descend alors à moins de 20%!

Conclusion

Les conclusions s’imposent d’elles-mêmes: d’une part le mode SAVE peut être utilisé à bon escient lorsque l’on roule à vitesse stabilisée, que le moteur est chaud et qu’il n’est pas en train de forcer (côte importante); d’autre part l’électricité n’est vraiment pas chère en France!

Si les conditions le permettent, il est donc énergiquement viable d’utiliser le mode SAVE pour assurer un déplacement électrique plus tard dans le parcours. Economiquement, ça reste viable parce qu’on parle de centimes au niveau individuel, mais à grande échelle, mieux vaut se charger sur le réseau ou mieux, sur sa batterie domestique alimentée par des panneaux solaires ou toute autre source renouvelable!

Bonne charge (électrique, bien sûr)!

JL