Comment réellement connaître la capacité du réservoir? En provoquant une panne sèche! Mais au lieu d’apporter une confirmation, cet exercice a soulevé de nouvelles questions.

Faire le plein oui, mais quand?

Les habitudes varient suivant les véhicules et les circonstances, et bien entendu le conducteur. D’une manière générale, on essaie d’espacer les passages par la station service sans risquer d’être immobilisé faute de carburant. Plus on voudra espacer les pleins, plus il faudra mesurer l’impact d’une panne sèche selon la situation et les personnes affectées. Dans les situations exceptionnelles, on évitera la panne sèche à tout prix, ou on la recherchera absolument, tout dépend de l’objectif… En général, il s’agit d’éviter de se retrouver dans une situation délicate et on adaptera ses habitudes de plein aux circonstances. Dans les conditions difficiles (routes isolées, grand froid, désert etc.), on garde toujours une marge importante; une bonne pratique consiste alors à faire le plein dès que l’on atteint la moitié du réservoir. Si ce n’est pas possible de façon répété, on changera le réservoir. Si le carburant est de mauvaise qualité, si le réservoir peut contenir des dépôts solides, on évite aussi d’aller titiller le bas de la jauge.

Dans nos contrées plus hospitalière, densément pourvues en stations services, offrant des carburants de qualité, où les pénuries restent exceptionnelles et une assistance providentielle est facilement joignable par téléphone, on peut se permettre d’espacer les pleins et de laisser descendre la jauge. Pour ma part, j’ai tendance à ne pas faire le plein tant qu’il me reste au moins 25% dans le réservoir. Connaissant ma 225xe, sa jauge et avec mes habitudes de conduite, je n’hésite pas à descendre jusqu’à 10%. Sur autoroute, je vise plutôt 15-25%, au cas où une mauvaise surprise m’obligerait à rouler jusqu’à la station suivante.

Le privilège de l’hybride

Les résultats que j’ai présentés dans le dernier article m’ont étonné: les calculs de capacité effectués lors de mes pleins, ainsi que les calculs de consommation moyenne comparés aux indications de l’ordinateur de bord me conduisent à conclure que la 225xe peut apparemment embarquer environ 38 L d’essence. J’insistais sur cette apparence, puisque qu’elle ne résulte que d’un calcul et que je n’ai jamais mis plus de 36 L dans le réservoir. Mais je ne me suis jamais présenté réservoir totalement vide non plus. Pour connaître avec certitude la capacité de ce réservoir, il suffisait donc de provoquer une panne sèche.

Heureusement, nous bénéficions du privilège de disposer de deux sources d’énergie indépendantes: la panne sèche du moteur thermique ne signifie pas forcément que l’on va rester planté au bord de la route, pour peu que l’on ait pris le soin de garder la batterie à un niveau de charge suffisamment élevé et que la voiture permette d’épuiser totalement le réservoir d’essence avant de vider la batterie. Dans son commentaire du 16 février 2017, Grigou expliquait le fonctionnement de l’Outlander à ce propos; j’en déduis que si vous tentiez l’expérience de la panne sèche avec ce véhicule, vous seriez confronté à deux possibilités peu enviables: soit vous immobilisez le véhicule, soit vous utilisez le mode « détresse » qui vous permet de puisez dans la « réserve » de la batterie. Je vous déconseille de le faire par curiosité, car cela se fera au détriment de la durée de vie de la batterie. Nous en reparlerons dans le cadre d’un article dédié à la batterie de la 225xe. Bien entendu, comme dans tout véhicule, vous pourriez toujours préparer un jerrican de quelques litres d’essence et faire un appoint de volume connu, mais dans ce cas il vous resterait une petite incertitude sur le volume réel du réservoir.

La 225xe gère son autonomie de telle sorte que vous pouvez provoquer la panne sèche sans nuire à la batterie. Lorsque l’autonomie combinée (thermique + électrique) atteint 90 km, une première alarme attire votre attention sur la faible autonomie et la nécessité de faire le plein. J’ai atteint ce niveau à plusieurs reprises, parfois même sans rajouter une goutte d’essence… Admettons en effet qu’il ne vous reste que 4-5 litres d’essence, c’est à dire que votre autonomie thermique est inférieure à 90 km, mais que vous rouliez exclusivement à l’électrique. Chargez la batterie et vous passez au dessus du seuil de l’alarme, qui retentira à chaque fois que la baisse du niveau de charge de la batterie donnera une autonomie calculée de moins de 90 km. Rien d’autre à signaler dans ce cas me semble-t-il. C’est plus loin que tout change…

Le coup de la panne

Le coup de la panne, sèche en l’occurrence, se prépare et demande quelques précautions. A l’occasion d’un trajet sur autoroute qui me donnait l’occasion d’épuiser l’essence qui restait, j’ai roulé en mode SAVE pour assurer au moins 50% de charge de la batterie avant de quitter l’autoroute, et consommer un peu plus d’essence aussi. J’ai visé une série de stations services hors autoroute et j’ai pris une petite route alors que la jauge indiquait 1% environ. J’y ai progressivement épuisé les dernières molécules de carburant. La batterie a été mise à contribution, en ville et lors des passages à vitesse / demande de puissance réduites.

Avec la baisse d’autonomie, divers système d’alerte et de préservation de l’autonomie sont activés: rappel de la baisse d’autonomie, puissance disponible réduite, fonctions auxiliaires moins alimentées ou coupées… C’est un mode « ecoPro plus » qui prend le relai progressivement pour donner quelques kilomètres supplémentaires, ou du moins pour ne pas en perdre inutilement. Et puis le dernier message s’est affiché: « Réservoir vide. Puissance réduite« . J’y étais!

Le plein

Arrivé à la station service la plus proche, quelques centaines de mètres à peine après avoir vidé le réservoir, il me restait 14 km d’autonomie électrique. Malgré un état de charge supérieur à 50%, le système m’informait que l’état de charge de la batterie était faible. La jauge était alignée avec le trait du 0, mais si je pinaillais je vous dirais que cet alignement n’était pas parfait… En fait, c’est plutôt dû au fait que les traits de graduation ne sont pas exactement alignés sur les rayons du cercle représentés par la jauge. Aucun doute, tous les indicateurs confirment que je une suis jamais descendu aussi bas et que j’ai réussi le coup de la panne!

Il était temps de faire le plein. J’ai procédé comme pour les autres fois: débit maximum jusqu’au premier déclenchement du pistolet. Puis un volume complémentaire jusqu’au second déclenchement. Mais ce dernier est arrivé presqu’immédiatement, si bien que le volume ajouté était quasiment nul, alors que j’ajoute souvent près d’un litre. J’insiste, mais il n’y a rien à faire, je n’ajouterai pas une goutte de plus alors que le compteur de la pompe indique 36.8 L, à peine… Surprise, et une petite déception.

Des comptes à rendre

Tout semblait pourtant indiquer 38 L de capacité. Comment expliquer ces 36.8 L obtenus si difficilement? Même si je suppose qu’il restait 1% dans le réservoir, le calcul ne donne pas plus de 37.2 L. La jauge est peut-être en question, mais pourtant je vois clairement la différence: je ne suis plus à quelques pour-cents, mais bien sur le 0. Je n’ai jamais eu toutes ces alertes qui ont commencé à se déclencher bien après être passé sous 4-5% et non as au dernier moment à l’approche de 0.

Franchement, si je n’avais pas eu connaissance de ce résultat en terminant le précédent article, je n’aurais pas pris autant de précautions sur les 38 L, car tout concorde. Je ne vois qu’une solution: répéter l’expérience plusieurs fois, avec un co-pilote qui prendra des notes et des photos ou même une vidéo. Et si possible, inclure les résultats obtenus par d’autres véhicules.

Conclusion

La seule certitude, c’est bien que le réservoir contient au moins 36 L. Au delà de cela, on fait face à des dilemmes qui mettent en cause soit la précision de la jauge – une hypothèse qui n’explique pas tout et qui soulève d’autres interrogations – soit la précision des compteurs de livraison – ce qui semble tout à fait irrecevable. J’ai quelques idées pour résoudre ce mystère… A suivre donc. On attendant, nous nous limiterons à 36 L. S’il y a vraiment plus, c’est du bonus!